Cette semaine nous avons interviewé Karino Kang et Alan Chauvin les co-fondateurs de Leviathan Dynamics. La startup qui propose un système de réfrigération alternatif au système actuel basé sur l’utilisation du gaz fluoré très polluant.
Karino Kang est le fondateur et le directeur général de LD. Il est diplômé ingénieur en mécanique avec une spécialité en mécanique des fluides et en énergétique.
Il a 8 ans d’expérience dans l’industrie : 2 ans en bureau d’étude puis 6 ans en tant que chargé d’affaire pour une entreprise dans le secteur de l’énergie.
Alan Chauvin, diplômé de l’école d’ingénieur des Arts & Métiers en 2012, il a travaillé dans une PME de l’industrie du textile puis il s’est dirigé vers un doctorat contrôle commande sur la thématique des véhicules hybrides.
C’est en 2016, après un post-doctorat à l’École des Mines de Nantes, qu’il a rencontré Karino et que l’aventure de Leviathan Dynamics commença.
Bonjour Karino KANG et Alan CHAUVIN, merci d’avoir accepté de partager votre expérience de l’entrepreneuriat sur Zozio.tech.
En quoi consiste la technologie innovante que développe Leviathan Dynamics et comment est né ce projet ?
Karino : Ce projet est né d’un constat que j’ai établi en période de forte canicule : il n’y a pas de système de réfrigération « green ».
J’ai ainsi mis au point une technologie capable de faire du froid en exploitant un phénomène d’évaporation de l’eau.
Je n’ai pas maintenu ce projet car il faisait baisser la température de seulement 2 degrés par rapport à la température extérieure.
Cependant, cela m’a permis de comprendre tout le potentiel qu’avait l’eau comme réfrigérant et c’est là que je me suis rendu compte qu’en intégrant l’eau comme réfrigérant dans un cycle de réfrigération classique, on pouvait avoir des performances énergétiques très intéressantes.
C’est de fil en aiguille que le projet de Leviathan Dynamics est né.
Aujourd’hui nous développons et produisons des solutions plus efficientes et plus écologiques pour le refroidissement et le chauffage des procédés. »
Quel est votre marché ?
Karino : Nous avons choisi de nous positionner en premier lieu sur le secteur industriel car l’efficacité énergétique est un critère assez différenciant.
Nous nous concentrons dans un premier temps dans le refroidissement des datas centers et dans le refroidissement de procédés industriels.
À terme nous nous destinons au marché de la climatisation, mais c’est un secteur très concurrentiel.
Quels sont vos atouts et vos faiblesses vis-à-vis de la concurrence ?
Alan : Notre principal atout est que nous pouvons proposer à nos clients des solutions adaptées à leurs besoins puisque, aujourd’hui, nous avons surtout travaillé sur la technologie et non sur un produit spécifique.
Quant au marché de la climatisation et de la réfrigération, il est déjà très bien établi, évalué à plus de 100 milliards d’€. Nous avons pour mission de s’y insérer.
Karino : Un de nos atouts majeurs est que nous proposons une solution qui a un impact environnemental faible, contrairement aux processus alternatifs.
Notre solution permet une meilleure efficacité énergétique puisqu’en moyenne on gagnerait 30% d’efficacité énergétique par rapport aux solutions actuellement sur le marché. Ce qui permet de réduire de 30% la facture d’électricité.
Notre principale faiblesse est le prix à l’achat, car nous n’avons pas les volumes de production de nos concurrents.
De quels dispositifs d’aide a pu bénéficier votre start-up ?
Karino : Nous bénéficions d’aides de région (PIA, BPI France) et de l’Europe.
Alan : Nous sommes lauréats, horizon 2020 de l’instrument PME phase 1. Nous avons également eu des prêts d’honneur octroyés par Wilco et la fondation Arts & Métiers.
Sur votre site internet www.leviathan-dynamics.com vous dites penser pouvoir « réconcilier le progrès de l’humanité avec le respect de l’environnement en rendant l’industrie plus verte ». Selon vous quels sont les enjeux de l’industrie verte ?
Karino : Bien que nous soyons dans une économie tirée par le prix avec une vision assez court-termiste, nous pensons qu’il est préférable d’acheter du matériel plus durable avec une bonne efficacité énergétique.
Nous répondons aux défis du 21ème siècle en mettant notre science au service de la recherche de procédés énergétiquement efficaces.
Leviathan Dynamics contribue à rendre l’énergie plus verte puisque nous proposons une technologie alternative à l’utilisation de réfrigérants fluorés. Les réfrigérants fluorés ont un impact néfaste sur l’environnement et produisent des substances chimiques contribuant au réchauffement climatique.
Pensez-vous qu’il est possible de basculer vers des modes de production plus écologiques ? Quels sont les freins actuellement ?
Karino et Alan : Nous permettons de fournir une brique technologique qui permet de diminuer la consommation d’énergie, mais d’où vient l’énergie c’est un problème plus global.
Aucune création industrielle n’a un impact nul sur l’environnement, cependant il est de notre devoir de chercher à rendre l’industrie plus respectueuse de l’environnement.
Karino : Par exemple concernant l’automobile, les habillages métalliques ont été remplacés par des habillages en plastique.
Bien que, contrairement au métal, le plastique n’est pas recyclable à l’infini, avoir des habillages en plastique fait que l’on allège le véhicule d’une masse importante, ce qui fait que l’on améliore la performance énergétique du véhicule. Il faut regarder le cas dans sa globalité.
Concernant la chimie verte, nous arrivons de plus en plus à produire des produits chimiques de façon plus durable avec moins d’impacts sur l’environnement mais aujourd’hui la plus grande problématique est le prix.
C’est ce qui « drive » tous les marchés. Les gens préfèrent acheter un produit moins cher avec plus d’impacts sur l’environnement, que l’inverse.
C’est peut-être cela qui va limiter la transition vers une économie plus verte. Il faut que les gens acceptent de payer plus cher les produits auparavant fabriqués de manière non durable.
En quoi l’industrie verte est-elle un secteur propice aux innovations ?
Karino : Dans le domaine de l’industrie verte les innovateurs cherchent surtout à trouver des procédés qui répondent à un besoin déjà satisfait par des procédés polluants. Il faut donc beaucoup d’incitations (fiscales, etc…) pour pouvoir se lancer dans le domaine de l’industrie verte.
Alan : L’industrie verte est surtout une affaire de coût. À long terme on peut voir que l’industrie verte participe aux économies d’énergie des consommateurs.
Or, dans l’industrie beaucoup de gens raisonnent sur le court terme, en achetant les machines les moins chères malgré leur consommation plus élevée.
Les obligations fiscales incitant les gens à changer de matériel seraient bénéfiques pour les consommateurs et l’industrie verte. Les investissements sur le long terme permettent les économies d’énergie.
Quelles sont maintenant les prochaines étapes pour Leviathan Dynamics ?
Alan et Karino : Concernant la partie développement, nous allons mettre en place une expérimentation.
Notre innovation était restée en prototype en laboratoire depuis sa création en fin 2016.
Nous avons bénéficié du retour d’expérience du premier prototype, nous sommes donc en capacité de créer un deuxième prototype et de le mettre sur le terrain.
Cela va nous permettre de créer une référence et de démontrer que notre solution fonctionne bien.
Pour la partie marché, on cherche aujourd’hui à développer des partenariats solides avec des acteurs de la réfrigération.
Comme nous évoluons dans un marché très concurrentiel, il est très important de nouer des partenariats solides avec des industriels bien référencés dans le secteur et qui souhaite s’inscrire dans une démarche de changement.
Les réglementations à venir vont faire que certaines technologies vont être supprimées, ce qui va obliger certains industriels à s’intéresser à notre technologie.
Selon vous, qu’est-ce que « l’industrie du futur » ?
Karino : pour moi l’industrie du futur englobe plusieurs sujets.
Les moyens qui permettent de rationaliser la production s’inscrivent dans l’industrie du futur.
Tout ce qui concerne la prédiction des besoins grâce aux nouveaux outils, les moyens permettant d’obtenir une production plus efficace avec le moins de rebus possible dans les unités de production.
L’objectif est de réduire les consommations énergétiques, dans notre cas réduire le froid nécessaire dans les procédés.
On peut réduire la consommation énergétique de milles manières, par exemple, remplacer les tôles des toits par des panneaux solaires. L’industrie du futur rassemble énormément de sujets et cela ne se résume pas au digital.
Un grand merci à Karino KANG et Alan CHAUVIN pour nous avoir partagé leur expérience de l’industrie verte !